Participants
- Maitrise d’ouvrage : Grégory Boussion (Blue EnerFreeze: Responsable pôle BOS)
- Editeurs : Laura Fillion (VayanData)
- Commission BIS / BOS : Bruno Souyris
Avant-propos – préambule
1. Stratégie data immobilière, patrimoniale au-delà du BIS/BOS
Blue EnerFreeze (filiale énergie du groupe STEF) place la donnée au cœur de ses activités :
- Traçabilité des températures dans les entrepôts alimentaires (exigences normatives)
- Analyse énergétique des bâtiments et des process, dans une optique de réduction des consommations
Le parc Blue EnerFreeze en France consomme à lui seul l’équivalent énergétique d’une ville comme Toulon (343,8 GWh pour plus de 181 points de livraison)
2. Compréhension et perception du BOS et BIS (qu’est ce que le BOS pour vous ? qu’est-ce que le BIS ?)
Pour Blue EnerFreeze, le BOS (Building Operating System) est une plateforme locale déployée sur chaque site (entrepôts frigorifiques), permettant de capter les données techniques terrain et d’assurer un premier niveau de service.
Ces BOS sont reliés à une plateforme centrale d’hypervision reposant sur la même technologie, fournissant également des services mutualisés.
3. Les grands enjeux et usages derrière la data et solutions BOS (notamment les bénéficiaires de ces initiatives : propriétaire, occupants, exploitants…)
Les objectifs sont multiples et visent différents bénéficiaires (exploitants, propriétaires, clients, etc.) :
- Accès aux données au niveau local pour les équipes terrain
- Vue d’ensemble au niveau du parc immobilier STEF
- Partage de données et services à d’autres entités STEF et à des clients externes
Enjeux clés :
- Traçabilité réglementaire
- Suivi technique des installations (GMAO, alerting)
- Optimisation énergétique, valorisation des CEE, pilotage industriel (froid)
Depuis peu, Blue EnerFreeze, en plus de ses missions initiales (production photovoltaïque et éolienne, gestion de réseaux, Smart Grid à l’échelle européenne), est aussi un fournisseur d’énergie.
Statut Projet
4. Description sommaire du projet : avancement, solutions déployées, écosystème de partenaires – sous-traitants (AMO, BE…)
- 186 sites locaux (entrepôts frigorifiques), soit autant de BOS, déployés en Europe (France, Espagne, Portugal, Belgique, Pays-Bas, Suisse, Italie) et repris sur l’hyperviseur
- Plus de 1 000 utilisateurs
- Connexions multiples de l’hyperviseur avec : GMAO (MATIS), alerting (TAMAT), API manager groupe, bases Oracle pour la traçabilité des données normatives, outils de la cellule « intelligence énergétique »
- Déploiement réalisé par l’équipe Blue EnerFreeze avec le support de VayanData
Build – phase Avant-projet
5. Comment la décision de lancer une réflexion autour du BIS/BOS a-t-elle été menée ?
Historiquement, chaque site fonctionnait avec son propre système, souvent hétérogène (WIT, Schneider, Napac, etc.), et certains n’étaient même pas équipés de solutions numériques communicantes. Cette diversité technologique compliquait considérablement la centralisation, le partage et l’exploitation des données à l’échelle du parc.
L’objectif a donc été de construire un socle de données unifié, enrichi et contextualisé à l’aide de métadonnées, afin de faciliter leur réutilisation. Ce socle devait s’appuyer sur une infrastructure stable et pérenne, permettant à terme de développer de nouveaux services : collecte automatisée des données, pilotage optimisé, et partage avec des tiers.
6. Quelles sont les principales problématiques qui ont poussé cette réflexion ?
Le point de départ de la réflexion a été l’arrêt de la gamme logicielle utilisée chez Schneider, qui imposait de remplacer ou migrer le système existant de suivi des températures — une obligation réglementaire dans le secteur alimentaire.
Ce changement contraint a servi de déclencheur pour repenser en profondeur l’approche globale du pilotage technique. L’ambition était alors claire : homogénéiser l’ensemble du parc sur trois plans essentiels :
- Technique : rationalisation des systèmes existants autour d’une infrastructure unique et choix standardisés des équipements à déployer ;
- Organisationnel : mise en place d’un modèle commun de déploiement, avec des intégrateurs et des équipes locales suivant les mêmes spécifications Blue EnerFreeze, quelle que soit la localisation ;
- Données : modélisation uniforme de toutes les données du parc pour garantir leur exploitation automatique par les différents logiciels, interfaces ou outils d’analyse.
Le tout a été mené par une équipe réduite de sept personnes, ce qui a nécessité une forte attention portée à l’automatisation et à la standardisation des déploiements sur les sites.
7. Quels étaient les principaux attendus fonctionnels et techniques d’un projet BIS/BOS ?
Les données techniques, notamment celles soumises à des obligations de traçabilité, sont désormais centralisées depuis les sites locaux vers un hyperviseur unique.
Ce système d’hypervision technique est accessible non seulement aux équipes STEF sur site, mais aussi aux responsables de parc, aux différentes entités du groupe (BU) et, le cas échéant, à des clients externes.
Les données ainsi centralisées et contextualisées alimentent automatiquement les reportings (quotidiens, hebdomadaires, mensuels, annuels) et permettent la gestion des alarmes, des astreintes, de la GMAO, ainsi que l’intégration d’un API manager à l’échelle du groupe.
Le dispositif soutient également le suivi et l’optimisation du pilotage énergétique, aussi bien au niveau du process froid industriel que des bâtiments (fournisseur d’éléctricité, production éolienneet photovoltaïque, et interactions intelligentes avec Enedis dans une logique de Smart Grid).
L’ensemble a été conçu pour rester aligné avec les besoins métiers et les spécificités de STEF / Blue EnerFreeze. Enfin, en raison du caractère critique des installations, des modes dégradés sont disponibles sur chaque site, avec supervision et alerting assurés localement en cas de besoin.
8. Quels ont été les freins qui ont pu intervenir lors de cette réflexion ?
Grâce au mode de collaboration adopté — une liaison directe entre l’équipe Professional Services de l’éditeur et l’équipe Blue EnerFreeze en charge du déploiement et de l’exploitation — la réflexion s’est déroulée sans réel blocage.
Un investissement initial conséquent a néanmoins été nécessaire, notamment en temps et en préparation, au-delà du simple coût financier. Il s’agissait d’un véritable pari sur l’avenir, qu’il a fallu faire accepter en interne.
L’un des défis majeurs a été l’exercice de modélisation : il ne s’agissait pas seulement de représenter le fonctionnement d’un site, mais de concevoir un système capable de modéliser l’ensemble des sites de manière homogène.
Cette complexité a été renforcée par le fait que l’équipe découvrait et s’appropriait la solution au fur et à mesure, tout en menant en parallèle la montée en puissance de la filiale Blue EnerFreeze, elle-même en phase de lancement.
9. Quels ont été les prérequis / actions de préparation réalisées en amont de votre projet BIS/BOS ?
Après une phase initiale intense de conception et de réflexion, les premiers déploiements ont été réalisés en faisant appel directement à des intégrateurs. Cependant, cette approche a abouti à des résultats très hétérogènes. Cela a conduit à renforcer la collaboration avec l’éditeur en amont, afin de standardiser la démarche avant même les déploiements. Cette structuration a d’ailleurs permis à terme aux équipes internes de Blue EnerFreeze d’assurer elles-mêmes les déploiements en devenant « intégrateur » de leur solution.
Par ailleurs, l’analyse approfondie de l’existant ainsi qu’une définition claire et précise des besoins côté Blue EnerFreeze ont grandement facilité la réussite du projet.
10. Qui étaient les sponsors et contributeurs en interne ?
Ce projet est porté par la filiale Blue EnerFreeze, dont la création répond précisément à ce type de besoin pour le groupe STEF.
Build – phase Projet
1. Quelles ont été les principales difficultés / irritants rencontrées lors de la mise en place de votre solution BIS/BOS ? Quelles bonnes pratiques ont été identifiées ?
Chaque site présentait des particularités, ce qui a nécessité une phase approfondie d’analyse de l’existant. Le déploiement s’est ensuite déroulé à un rythme soutenu, avec des déplacements et des mises en service sur l’ensemble des sites européens, parfois plusieurs par semaine.
Cette période a aussi été marquée par l’appropriation progressive de l’outil, de sa logique et de ses usages, afin de maximiser les bénéfices métier. Elle a impliqué une montée en compétence pour allier maîtrise technique et adaptation aux spécificités des clients et de l’organisation STEF.
L’infrastructure a été ajustée en continu pour accompagner l’ampleur croissante du projet.
La réussite du déploiement a reposé sur deux facteurs clés : une définition précise des besoins réels du client et un phasage rigoureux, permettant de construire un socle technique solide avant d’aller plus loin.
2. Les grandes étapes clés de déploiement, réception des solutions – données ? Les points d’attention clés associés ?
Le projet a débuté par une phase de conception approfondie, suivie d’un maquettage à l’échelle réelle sur deux sites pilotes, une étape qui s’est étalée sur environ six mois.
Le déploiement s’est ensuite effectué progressivement sur l’ensemble des sites, en plusieurs phases, afin de garantir l’homogénéité de la solution tout en intégrant les évolutions successives : nouvelles versions de modélisation, mises à jour logicielles, passage d’une architecture à deux niveaux à une architecture à trois niveaux – certains sites de grande taille nécessitant une centralisation locale spécifique.
De 2020 à 2025, le projet s’est poursuivi sans remise en question du socle de données ni de l’architecture générale. Des optimisations ont été introduites au fil de l’eau : par exemple, les premiers rapports automatisés étaient produits directement via le BOS, avant d’être déportés sur des outils spécialisés, tout en conservant les mêmes sources de données ; de même, les APIs du BOS initialement utilisées pour accéder aux données temps réel ont progressivement été relayées par une base MongoDB, offrant de meilleures performances pour le scaling.
Aujourd’hui, le socle technique continue de servir de base à un cycle d’amélioration continue. Il reste encore près de 80 sites à connecter, tandis que de nouvelles fonctionnalités se déploient : pilotage intelligent, intégration de nouvelles technologies, reporting personnalisé, gestion de sites partagés entre BU, automatisation des mises à jour sur l’ensemble du parc, ou encore suivi précis du rendement des installations frigorifiques (COP).
Build – Coûts – achats
1. Comment le projet a été chiffré ? Quelle approche ? Forfait, régie, allotissement…
Les services professionnels de VayanData sont intervenus en régie. En dehors des licences logicielles et des mises à jour, l’ensemble du temps consacré à l’accompagnement de Blue EnerFreeze fait l’objet d’une facturation : cela inclut le soutien au déploiement, l’assistance technique, ainsi que le développement de fonctionnalités spécifiques si nécessaire.
2. Quels coûts cachés / non anticipés ?
L’un des enjeux identifiés par Blue EnerFreeze a été la difficulté à anticiper les coûts associés aux nouvelles fonctionnalités ou développements spécifiques. Bien que cette incertitude tende à diminuer avec l’expérience et la montée en compétence, les coûts liés aux évolutions initiales ont parfois été sous-estimés — notamment en raison de la complexité technique, de l’effet d’échelle et de l’évolution simultanée de plusieurs composants. Une situation compréhensible au regard de l’ampleur du projet et du rythme soutenu de déploiement.
Run
1. Comment est géré le BIS / BOS en exploitation ? Quels REX sur les irritants avec l’écosystème ? Problématiques exploitation ?
Le BIS/BOS est piloté directement par une équipe interne dédiée, en charge de l’exploitation, du support de premier niveau et du déploiement du système. Ce type d’architecture, à la fois complexe et évolutive, nécessite une gestion rigoureuse pour en maximiser les bénéfices dans la durée. Cela implique un suivi constant des performances et des mises à jour logicielles, une attention aux besoins nouveaux ou changeants, ainsi qu’une maîtrise de la complexité liée à l’étendue des fonctionnalités et du périmètre couvert.
L’équipe, bien que restreinte, doit intervenir simultanément sur trois axes : le développement de nouvelles fonctionnalités, le maintien en conditions opérationnelles de l’existant, et le déploiement continu du système (notamment pour intégrer de nouveaux sites — liés à des acquisitions, à l’évolution des infrastructures ou à l’ajout de nouveaux capteurs, utilisateurs ou flux de données).
2. Les cas d’usages déployés
BOS local – par site
Chaque site dispose de son propre BOS assurant l’autonomie totale en matière de remontée, de supervision et d’enregistrement des données critiques, notamment les températures dirigées (conformité EN12830).
Fonctionnalités principales :
- Reprise de l’ensemble des données techniques : alarmes, consommations (électricité, eau), production de froid, temps de fonctionnement, comptages, énergies renouvelables (pilotage PV/éolien avec intégration Smart Grid – ex. arrêt d’éoliennes à la demande d’Enedis).
- Optimisation du pilotage des évaporateurs (selon température extérieure prédite, inertie du bâtiment, coût énergétique).
- Gestion d’alertes et d’envois de SMS en mode dégradé.
- Interface graphique locale de secours (mode dégradé si l’hyperviseur est indisponible).
- Utilisation de sondes radio normatives (IoT sans perte de données) et afficheurs IoT « 3 niveaux » pour adresser les alertes selon leur criticité (technique, exploitation, business/sanitaire).
- Modélisation complète des données via un système de « tagging » multi-niveaux :
- Localisation physique (zones froides, équipements…)
- Métiers techniques (frigorifique, électrique, sécurité…)
- Données métier (types de points, protocoles, adresses…)
- Équipements (typologie, marques, références…)
- Fonctions (chaîne du froid, production, alimentation…)
- Organisation (régions, BU, clients finaux, droits d’accès, astreintes, reporting…)
BOS Parc STEF
Structure centralisée regroupant l’ensemble des données collectées localement, avec des usages internes et clients externes :
- Stockage intermédiaire et hypervision multi-sites accessible à plus de 1 000 utilisateurs (authentification SSO, LDAP), avec une centaine de connexions simultanées.
- Transfert des données normatives vers bases Oracle (plus de 26 000 tables).
- Infrastructure dédiée (Pré-prod, Prod, Qual, bases tierces, API Manager).
- Connexion de l’équipe « intelligence énergétique » :
- Reporting personnalisé, optimisation énergétique des process (froid + bâtiments)
- Accès via base MongoDB alimentée par le BOS
- Développements sur mesure en Python
- Intégration de la solution Tamat (MWS) : gestion des alarmes et astreintes via API, avec modes dégradés et log de transmission.
- API Manager :
- Intégration de données externes (météo, données réglementaires)
- Portail de données internes STEF (exploitation par STEF Data pour croisement avec données transport, opérationnelles…)
- Envoi d’informations vers la GMAO MATIS (SAP custom STEF) : gestion proactive des interventions (alertes sondes IoT, commandes automatiques).
- Supervision complète de l’infrastructure via Datadog.
3. Quels autres gains constatés ?
La mise en place d’un socle digital structuré a considérablement facilité la création et le déploiement de nouveaux services. Cette base unifiée et pérenne permet d’accélérer les développements, de mutualiser les efforts et de capitaliser sur les données déjà modélisées et centralisées.